Le Club Jean Jaurès reçoit Alexandre Boulerice qui dénonce les citoyens immigrants de "seconde zone"
- Nathalie Pedro
- 16 avr. 2015
- 3 min de lecture
Le 16 avril 2015, le Club Jean-Jaurès organisait son premier rendez-vous à l’Union Française, devant une quarantaine de personnes, autour du thème « Mobilité des jeunes migrants : opportunités, défis et perspectives d’avenir ». Le club avait invité le porte-parole de l’opposition officielle fédérale en matière de travail et député de Rosemont-La Petite-Patrie, Alexandre Boulerice, ainsi que des professionnels de l’emploi des migrants à Montréal.
Créé en décembre 2014, le Club Jean-Jaurès se donne pour missions de rassembler la communauté des Français du Québec et de réfléchir aux questions qui les préoccupent. L’objectif : proposer des mesures publiques et sociales aux pouvoirs publics français, québécois et canadiens. Pour ce premier débat public, le club, animé par Ramzi Sfeir, a souhaité recueillir les témoignages de migrants Français et entendre leurs suggestions pour améliorer la politique en matière d’immigration.
Alexandre Boulerice, député NPD de Rosemont-Petite-Patrie
« A quelques mois des élections fédérales, on veut vous entendre pour connaître les solutions à mêmes de vous aider », commence Alexandre Boulerice. Se considérant comme un immigrant de treizième génération, le député québécois fédéral est venu à l’Union Française chercher des éclairages et des réponses à ses questions sur la diversité des statuts migratoires. Il a notamment pointé les nombreuses situations de « no man’s land » parfois incompréhensibles dans lesquelles se retrouvent de nombreux immigrés. En cause : la durée de traitement des dossiers liés à la demande de résidence permanente ou de citoyenneté après un PVT (Permis Vacances Travail), un stage ou des études au Québec, qui ne correspond pas toujours au temps de la vie. « Il est inacceptable de mettre 4, 6, 7 ans au lieu de 6 mois pour traiter un dossier », dénonce-t-il.
Aussi, la procédure est, depuis peu, devenue plus complexe, avec une augmentation des frais d’inscription, de 150 à 250 dollars ou l’exclusion des enfants à charge notamment. « On réintroduit des lourdeurs dans les procédures liées aux PVT », critique-t-il. D’un autre côté, la durée du PVT est prolongée de deux ans. « Le Québec a bien compris ce que cela signifie pour lui, en termes de futur bassin de résidents permanents », rapporte le directeur de la CITIM.
Selon Alexandre Boulerice, ces jeunes migrants sont du « cheap labour »
Le statut temporaire ne donne pas accès à des services de santé ou à une assurance-emploi. « Certaines personnes doivent parfois repartir en urgence en France pour se faire soigner. Ces jeunes sont d’autant plus précarisés qu’ils n’ont pas accès à tous les emplois », déplore Yann Héraud, directeur de la CITIM. Par exemple, un « PVTiste » n’est pas autorisé à travailler avec des enfants au sein d’un établissement scolaire. Les Français ne sont cependant pas les plus à plaindre en termes d’intégration au marché du travail. « Leur taux de chômage demeure inférieur à celui des québécois de souche », précise-t-il. Il reste pourtant difficile de chiffrer le nombre de « PVTistes » qui s’installent au Canada pour y construire leur vie. « C’est un peu la langue de bois du côté fédéral, explique M. Héraud, même si cela crée une situation paradoxale où les gens pratiquent un parcours migratoire en deux temps pour régulariser leur situation. »
Jean Isseri, administrateur de l’Union française et directeur général du Carrefour Jeunesse Emploi (CJE) de Côte-des-Neiges, classe la communauté française en deux statuts : les immigrants permanents et les immigrants temporaires (PVT, jeunes professionnels, stagiaires, travailleurs agricoles, gens de maison). Il rappelle également que 120 000 français en résidence permanente sont déjà installés dans la région de Montréal, auxquels il faut rajouter les Français immigrants temporaires évalués à environ 20 ou 25 000 personnes par an. Chaque année le Québec accueille entre 45 et 55 000 immigrants permanents parmi lesquels on compte environ 5 000 Français. Pour lui, « il ne fait aucun doute qu’en fonction du statut, on n’a pas accès aux mêmes droits ». Rachel Guidet, coordonnatrice des services au CJE Centre Sud -Plateau Mont-Royal – Mile End, renchérit : « Sur les 1 000 jeunes qui ont besoin d‘aide et que nous recevons, 200 sont français. Il n’y a aucun service de prévu pour eux ».
D’après le porte-parole du Nouveau Parti Démocratique (NPD), la société d’accueil canadienne crée des citoyens de « seconde zone » : «Ces jeunes migrants sont du ‘’cheap labour’’. Ils n’ont pas accès aux droits et aux recours nécessaires afin de maintenir une pression salariale à la baisse », explique-t-il.

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